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432 Hz, 440 Hz: quel est le meilleur accord ?



Dans le monde de la sonothérapie, on parle souvent de fréquences d’accord « idéales » pour favoriser l’harmonie et le bien-être. La plus citée est sans doute celle de 432 Hz. Pourtant, la majorité des musiciens professionnels et des luthiers accordent leurs instruments à 440 Hz, voire à 442 Hz dans les orchestres contemporains.

Mais alors, quel est le bon accord ? D’où viennent ces différentes fréquences de référence ? Existe-t-il vraiment une fréquence « juste » et universelle ?

Cet article propose un aperçu historique et pratique sur la question de l’accord musical et du diapason de référence, en retraçant ses origines empiriques, son évolution scientifique et ses usages actuels.

Accord et diapason de référence : entre histoire, science et conscience vibratoire

Une histoire empirique du son

Avant les recherches de Heinrich Hertz sur les fréquences (à la fin du XIXe siècle), la musique se transmettait oralement et par la pratique instrumentale. Il n’existait pas de système précis pour mesurer les vibrations par seconde. Ce sont les instruments eux-mêmes qui gardaient en mémoire la hauteur des sons : flûtes, orgues anciens, instruments à cordes, tous étaient accordés selon les règles propres à leur époque et à leur contexte.

Heinrich Hertz (1857-1894), physicien allemand, fut le premier à mesurer et démontrer la propagation des ondes électromagnétiques, donnant son nom à l’unité de mesure des fréquences : le Hertz (Hz). Ses travaux ont permis d’associer une hauteur sonore à une fréquence mesurable en cycles par seconde, ouvrant la voie à une approche scientifique du son.

Les diapasons anciens et la musique historique

Le diapason n’a jamais été universel : les orgues anciens, les instruments baroques ou classiques variaient de plusieurs dizaines de hertz selon les époques et les régions. On a retrouvé des orgues médiévaux accordés autour de 392 Hz, mais aussi d’autres à 465 Hz. Il ne s’agissait pas d’une valeur fixe, mais d’un choix lié à la résonance optimale de chaque instrument – notamment à cordes – afin d’éviter des tensions excessives qui auraient pu les endommager.

Aujourd’hui, les musiciens spécialisés dans la musique ancienne utilisent des diapasons historiques (par exemple 415 Hz pour la période baroque), ainsi que des tempéraments anciens, différents du tempérament égal moderne, pour retrouver les couleurs harmoniques de l’époque.

Le XIXe siècle : vers une science des fréquences

Avec les avancées de l’acoustique au XIXe siècle, les scientifiques ont cherché à standardiser les hauteurs des sons. Pourtant, les diapasons restaient très variables selon les pays, et même selon les villes : on jouait autour de 430 Hz à Paris, 435 Hz à Milan, 450 Hz à Londres. Le diapason de Beethoven, conservé à la British Library, est à 455 Hz. Il n’existait pas encore d’accord international, et chaque théâtre ou orchestre adoptait sa propre norme.

La standardisation du 440 Hz

La standardisation progressive du diapason à 440 Hz commence dans les années 1930, avec une première recommandation à Londres en 1939. Ce n’est qu’en 1955 que l’Organisation internationale de normalisation (ISO) adopte officiellement le 440 Hz comme fréquence de référence. Cette norme vise à unifier les pratiques musicales au niveau international, mais elle reste en réalité indicative.

Une tendance actuelle à la hausse

Aujourd’hui, de nombreux orchestres accordent leurs instruments à 442 Hz ou 444 Hz, notamment en Allemagne. Ce choix est souvent motivé par la recherche d’une brillance sonore, d’une tension harmonique et d’une meilleure projection dans les grandes salles de concert.

Le mythe moderne du 432 Hz

Dans les pratiques de sonothérapie, le 432 Hz est souvent présenté comme une fréquence « naturelle », liée au bien-être et à l’harmonie cosmique. Même si cette idée ne repose sur aucun fondement historique solide, elle a le mérite d’avoir ramené l’attention sur les fréquences, les vibrations et leur rôle dans la santé.

Cette approche résonne avec une vision holistique de la médecine, qui complète les soins mécaniques, pharmacologiques ou chirurgicaux par des dimensions énergétiques et sensibles.

Une conscience vibratoire individuelle

Comme le rappelle Jonathan Goldman, « nous sommes tous des êtres vibratoires uniques ».En vibroacoustique, mes observations montrent clairement que chaque individu possède une empreinte sonore unique.

J’ai publié l’article “Human as a Multidimensional Harp: A Convergence between Therapeutic Music and Vibroacoustic Harp Therapy” dans les actes du 7e Congrès Biennal de l’ISQRMM (Interdisciplinary Society for Quantitative Research in Music and Medicine, 2023, États-Unis), qui constitue l’une des premières études scientifiques sur les fréquences du corps humain.Grâce à la Vibroacoustic Harp Therapy (VAHT), il est possible d’observer comment les fréquences musicales agissent différemment selon les individus, révélant une signature sonore propre à chacun.

Cette singularité rend obsolète l’idée d’un diapason “idéal” pour tous. La véritable harmonie se construit dans l’écoute subtile, adaptée à chaque être.

Recommandations pour les harpistes

Pour les harpistes, il est essentiel d’accorder leur instrument selon les recommandations du luthier. Chaque harpe est conçue pour résonner au mieux avec une certaine tension : un accord différent peut altérer la sonorité, voire endommager l’instrument (cordes trop tendues ou trop lâches).

Changer de diapason peut aussi compromettre la justesse des demi-tons, sur les harpes à leviers ou à pédales. Pour ces raisons, je recommande un accord à 440 Hz.

Il est également important de bien choisir ses instruments de sonothérapie (bols, carillons, gongs...) afin qu’ils soient en harmonie avec votre harpe.


L’idée selon laquelle le 432 Hz serait la « fréquence parfaite » est une construction récente, largement diffusée à partir des années 2000, souvent à des fins commerciales dans le domaine du bien-être. Même si elle suscite un intérêt utile pour les fréquences, elle ne repose sur aucun fondement historique ni scientifique solide.

Pour les musiciens et les thérapeutes du son, la question du diapason est secondaire. D’une part, chaque être humain possède ses propres fréquences de résonance, comme l’a démontré le travail en vibroacoustique. D’autre part, le corps humain est sensible à tout le spectre sonore audible : il ne vibre pas seulement à 432 ou 440 Hz, mais selon la situation, l’émotion, l’intention et le contexte.

De nombreux autres facteurs sont bien plus déterminants dans l’effet thérapeutique d’un son :

  • la qualité du timbre et la beauté du son,

  • le rythme, qui structure l’attention,

  • les modes et les harmonies, qui colorent l’expérience émotionnelle,

  • l’intention posée dans le jeu,

  • le tempérament et l’accord des intervalles comme relation entre les notes (un prochain article abordera les tempéraments anciens),

  • et l’intensité sonore et vibratoire, qui détermine la profondeur de l’impact.

Ce n’est donc pas la fréquence seule qui soigne ou élève, mais la relation consciente entre le musicien, le son, et la personne qui le reçoit.

Le diapason n’est pas qu’une question de chiffres : il reflète notre manière d’écouter, de ressentir et de relier le son à la vie.Son évolution – de l’empirisme à la norme, puis aux explorations contemporaines – témoigne d’une quête toujours vivante d’équilibre et de vérité.


Pour en savoir plus sur la harpe et la sonothérapie, j'ai créé le cours La harpe Intuitive.

Marianne Gubri

 
 
 

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